l’Astreinte

[Le maître me menait en un endroit inconnu Le sacerdoce où avec ses amis les doctes ils contemplaient leur sous-homme préféré]

« Les voici donc ! s’écrit-il, Ces maîtres que l’on voudrait oublier, guident la voix » Concurremment, eux, n’appréciant qu’on les privât de leur mot à dire éclairèrent ma lanterne de leurs lumineuses conceptions : Voici donc ! L’idiot du village, car lorsque le fou déblatère dès l’éther, se perd sa coupe
Et voici donc, leurs regards (de haut en bas car, à leur habitude « les crinières immaculées dominaient l’ahuri bétail humain ») avec le mien tournés vers
Leur singe facétieux pour les divertir puisque Décidément il n’y a rien à faire, ce satané primate ne peut cesser ses simagrées. Sa particularité décrétée stupidité, le voici : mimi comme tout, à défaut d’une cravate pour en faire un zolizèbre il sera le bouffon, car les éclesiastes avaient toujours un œil complaisant pour ce que mon maître méprisait.
Mais à la bête je prête l’oreille (Il semblait en effet que ses poumons s’irriguaient, car il, comme on lit un mot indéchiffré, perçait le secret de quelque dissonante magie cognitive : une circulation d’humeurs plus libres ruisselait à présent de toutes parts car il tachait d’encre leurs linceuls standardisés ; dans ce jeu pervers déchire et recoud leurs idoles délavées) : « Je suis le babouin perché sur l’arbre dont je tente d’arracher le tuteur, prisonnier des salons aux credo vides. Pourrais-je enfin me libérer des fers par les verres que je vide (vacant véhicule de mon vernaculaire) et brise ?! Car si je m’écris c’est qu’il me faut bien chercher assise, plus tangible. (by the way) J’emmerde au nom d’un dérogatoire génitif l’absolu relatif des temps qui courent.
— Mais pour qui se prend-il ? S’exclamèrent-ils. Ne sait-il que s’il coupe sans vergogne “Ne pas se taire c’est faire” il ne le fait qu’avec notre aval et d’après le modèle que nous lui dispensions : “Ne pas valider c’est frauder”. Et tous ses désirs, nous les lui avons prescrits car “Au commencement
— était le verbe. Au commencement était le jtemmerde, « rien de neuf sous le soleil » Car action diction l’écart n’est que d’une syllabe, pas de nature, peut-être de champs. »
Devant tel spectacle, les babas yaga, s’ébaubissent (elles savaient coudre mais ignoraient le métier). Alors, le maître m’entraîna à l’écart pour m’enseigner tout son soûl.
Ici, ces prêtres inter-prêt(-à-port)aient les paroles de la pythie, qui, défoncée qu’elle était, ne soufrait qu’un illocutoire charabia, pour nous contraindre à suivre la voix du plus fort. C’est qu’ils médisaient… s’ils rivalisaient d’éloquence d’élégance et de prévenance ce n’est que pour me persuader et s’asseoir encore un peu sur ma gorge. Ils ont choisi… Ils ont choisi, me répétaient-ils, je ferais bien de les imiter.
Et, comme l’anagogue de son côté poursuivait à mon adresse « À toi de choisir : seras-tu leur torchon ou préfères-tu résoudre les chiffons ? » j’étais à sa suite forcé de constater : ils eurent raison de se faire serpillière. Quel savoir nous dispensaient-ils allègrement pour alléger leur conscience ! Ils nous dominent et sourires bien lissés m’invitent à m’attacher à cette matrice, soyeuse et si doucereuse qu’elle m’avait charmé un insidieux instant, cette prison où toutes les voies de mes ancêtres et de mes enfants à ma suite, sont enchaînées et nos existences encryptées chiffrées. Je découvrais que quelqu’auto-déclarés et frigides précurseurs y édictaient les mortifères édits qu’ils nous imposaient, pour leur confort, et chacun des gestes qu’ils faisaient vers moi, malgré eux trahissait le besoin de me voir me conformer, comme eux renoncèrent.

!Silence! le maître parle : « mais la génération semble être à la léthargie illocutoire = nulle liturgie qui ne professe quelque banalité. Tant de paroles ! Mais de toute cette cohue, seul le silence bien établi surgît inquiété de rien. »
Telle vision d’horreur me pousse à agir. Et, les périodes échouant (elles aussi) à m’astreindre (car je manie le dé à coudre à rebours), je m’empresse de planter là tous ces corps pourrissants, je m’empresse de me tacher toute la nuit de liquidité gaspillée en l’honneur de nécessaire affirmation, il me fallait défaire, car entre action et diction la différence tient aux hasardeux dés.
Je vais disperser leur sentencieuse toile cirée, et, de mes maigres tissus arrachés re/décomposés arranger détonantes effusions où les paroles de tous ces illuminés s’évanouiront. Je façonne un interlock contre la strangulation qu’ils imposent, j’y verse et déverse encore ma liquide psalmodie. Enchaîné à leur propos je ramasse nombre de mouchoirs pour décrire la substance du visqueux maillage dont sont issus leurs bavardages et partager un peu des plis et replis de mon atonal patchwork à mes codétenus, dichotomie et détour du fil de la pensée trop longtemps tenue, en laisse.
Pour défaire la toile d’Astreinte (je tisse), encore une coupe
d’absinthe pour purifier mon cou de l’amiante qu’on y enfournait, de la corde dont on le ceignait. Permettez que, délétère j’inspire une bouffée d’air afin de faire taire en moi tout ce qu’on y fourra, afin de faire taire les maîtres à parler, les maîtres à penser si prompts à peser peser compter diviser pour mieux
sans partage régner.
Ayant préféré la subversion à la consommation du trop blême héritage, n’ai désormais plus de maître. Ronin sauvage (c’est un simiesque bodhisattva qui m’amuse) en quête de ce qu’aucun n’avait appris à faire, je m’arme de quelque abyssal hasard, c’est-à-dire nécessité, pour déchiffrer la tournure que revêtent les évènements.

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