Ces délices valaient-ils ses brûlures ?

Au petit matin les aigreurs rituelles le laissaient songeur. S’il ne pouvait éviter ces repas à Noël, elle pouvait peut-être fêter son anniversaire convaincre ses amis de passer le jour de l’an en festival ; les annexant à sa vie spirituelle se contentant des pilules habituelles.

Elle n’avait jamais eu ce rapport intime à la cuisine (des autres) qu’il éprouvait pour la lecture ou les Coltrane. Les cachets, efficaces. Ils abîmaient l’appareil digestif dépérissant d’une jachère interrompue lors des « occasions » chaque année plus difficiles à digérer.

Ces délices valaient-ils ses brûlures ?

Regretterait-elle ces rares occasions de manger ? Depuis son éveil, ou plutôt sa lente maturation, trop souvent déviée, vers une vie plus riche plus intellectuelle plus productive (pour elle la même chose) n’en faisait-il pas trop ? Supprimant toutes les distractions qu’il ne pouvait rattacher à ses recherches, elle s’écroulait parfois l’après-midi incapable de dire encore ce qu’elle avait entendu ce qu’elle avait lu ; il pensait encore du temps perdu et elle n’était pas sûr de savoir lequel encore moins le remède. Lui fallait-il plus d’entraînement ou accepter les diversions ?

Bientôt ses parents à leur tour quitteraient ce monde et avec eux les souvenirs d’une époque plus archaïque, plus raffinée peut-être, du moins moins artificielle où l’on cuisinait et mangeait. Encore un savoir un rapport perduExpirant doucement au-dessus de la pipe à saké

artificielle où l’on cuisinait et mangeait. Encore un savoir un rapport perExpirant doucement au-dessus la pipe à saké un soupir vaporeux emplit la pièce, ces pensées lancinantes : ce serait pas mal si quelqu’un se dévouait, ne pouvait lui revenir d’entretenir.

Ces années,
Ces années, saisonniers holocaustes malgré leurs airs de communions (vagues enjeux spirituels et vestiges de religieux) lui inspiraient dégoût crainte et pitié
Ces années, le sable entre ses phalanges .s’écoulaient muettes. huit rigoles amincies
Ces années, plus brèves.

Les derniers restes de la barbarie des hommes à ses yeux dérobés, pourrait-elle se consacrer à entretenir le feu.