forêt

les vertèbres craquent des arbres chus
sur mon nombril endormi énorme comme une rose des sables
tandis que mon pouls fait des bonds de kangourou fou
tandis que mes yeux sont en charpie
je ne sais même plus ce qu’ils foutent encore là
sous mes paupières mitigées
à ouvrir des canettes
à se branler sur le monde
à glander comme un gland
ma solitude baille à la surface
comme une carpe
absurde et idiote
Ooooaaaaa
OOOooooaaaaaaa
les biches font dodo dans le ventre bleu des sangliers jaunes
sur les larges mousses
grognent les caïmans boas
en s’auto-strangulant
animal stupide
et le ciel se commotionne-cérébral
s’éclate le crâne en astres grouillants
plus phosphorescents que les grenouilles
qui flottent et meurent
selon la chance
qu’elles ont
moi un monstre de passage…
qui fait ses crocs électrodes sur les écorces étincelantes
le feu boue en mes tripes
glouglou
cuve à crabes électriques
forêt profonde
la pluie se blottit
dans sa chute magique
la pluie se recueille sur la peau douce des lapins nains
irise le hérisson
de gouttelettes d’eau glacée
être lard ou ne pas être larve
à l’aide d’une pelle à tarte spacieuse
je creuserai ma tombe de fruits frais
fraises sauvages et flux de noisettes
des limaces sur mes dents
comme des autocollants
gluants brilleront
chair diluvienne et la terre continuera d’entasser l’horizon dans sa gorge
comme un explosif
et les chauves-souris grimperont sur la lune en téléphérique poilus
le vent de la salive se lève si tôt…
les larmes dans les orées lourdes
les bouts de bambous boueux
les crasses crachées à la face des Samouraïs
qui cherchaient leur honneur
dans le flanc des montagnes brunâtres
finalement s’en sont revenus comme des criquets secs
boire l’inondation de leurs cœurs crevés
puisant de travers les sources cassées
des baobabs enrubannés au poids des grands macaques.
– avaler toute la nuit comme un grain de raisin.